Si le Livret A donne la migraine aux banquiers, ce placement a tout pour plaire. L’épargne est garantie et disponible à tout moment, le rendement protège de l’inflation et les intérêts ne sont pas fiscalisés. L’utilisation des sommes déposées est aussi vertueuse, puisque la Caisse des dépôts en emploie une partie pour financer le logement social, en accordant aux organismes HLM des prêts à très long terme, jusqu’à soixante ans. En 2015, 21,1 milliards d’euros ont ainsi été alloués et 20 milliards sont encore prévus cette année.
On ne se bouscule pas pour défendre le Livret A. Détenu par une grande majorité de Français, ce placement réglementé a perdu 11 milliards d’euros d’encours depuis 2013 (en intégrant aussi son petit frère, le Livret de développement durable, LDD). Sur les trois premiers mois de l’année, la décollecte dépasse 1 milliard d’euros, malgré 420 millions d’euros engrangés en mars, mais essentiellement dus à un effet saisonnier, selon les chiffres publiés jeudi 21 avril par la Caisse des dépôts.
De quoi chiffonner les banques ? Bien au contraire. Les encours du Livret A et du LDD sont encore de 355,9 milliards d’euros, à fin mars 2016. Si 60 % sont versés à la Caisse des dépôts, afin de financer le logement social et les investissements publics locaux, les 40 % restants restent au bilan des banques. Or ces dernières doivent rémunérer les épargnants au taux de 0,75 %. Une gageure dans le contexte actuel. Le rendement du Livret A a beau être historiquement faible, il reste encore élevé face à des taux à court terme négatifs ou des emprunts d’Etat ne rapportant que 0,50 % sur dix ans.